Cela fait maintenant deux ans que nous travaillons sur notre monocoque SEAir 747 volant. Pour faire évoluer ce bateau, un temps long et incompressible nous a permis de répondre à des questions essentielles.
Les études menées en amont, les travaux en atelier, les essais en mer, l’analyse des mesures de déformations en temps réel des appendices et les problématiques de régulation mécanique nous ont permis de maîtriser certaines lois du vol dans différents types de mer.
Aujourd’hui, le temps est venu de rejoindre le circuit des compétitions avec le prototype SEAir 747 « Full flying » encore amélioré. À partir de cette base de travail, nous imaginons une lignée de grands frères, destinés à la course au large comme à la course en baie. Il est certain que, quelque soit la taille du bateau construit sur ces principes, il sera plus rapide que tous les autres de la même taille dans la plupart des conditions. SEAir a donc décidé de chercher un sponsor qui deviendrait un unique précurseur, avec comme terrain de jeux… le globe !
Les débats d’opinions autour des foils au large sont tellement divergents qu’il est plus que temps de continuer à traverser les océans pour voir où cela va nous mener. Il est évident que l’engagement humain qu’il faut pour partir sur de tels bateaux volants est énorme, que la partie s’annonce éprouvante, voire inhumaine. Quant à se demander si le vol est un choix raisonné dans une démarche de performances, tout dépend de l’approche du skipper, de son expérience de la navigation au large, en vol ou à haute vitesse, et du matériel.
Une telle renaissance étant d’abord un sujet technique, il se trouve que les aspects sportifs semblent passer au second plan. Pour rester dans des conditions maniables sur la longueur, il n’est plus question d’utiliser en permanence le plein potentiel de la machine, mais de le contenir pour le laisser s’exprimer aux bons moments selon trois principes : l’archimédien, la sustentation et le vol. Contre toute attente, ces deux derniers modes permettent d’envisager le jeu de la régate d’une manière plus prudente, avec la possibilité de rester plus rapide que les autres bateaux non équipés, dans la majorité des cas.
Pour aller plus loin que le SEAir 747, notre plan stratégique nous permet d’annoncer l’ouverture des intentions de commandes pour le « premier monocoque de 40ft full Flying, by SEAir », livrable début 2019. Avec déjà plusieurs contacts marqués dans le monde, SEAir n’entend pas s’arrêter là. Si ce 40ft a « déjà volé » en simulation, nous finalisons les premières images de synthèse qui seront prochainement dévoilées. Il est destiné aux programmes de courses au large en solitaire tels que la Route du Rhum, mais aussi en équipage.
Concernant les courses en baie, les futurs monocoques AC75 « Full flying » annoncés pour la Coupe de l’America viennent conforter SEAir dans ses recherches, et notamment dans l’importance que nous accordons au « canting » de foil. Si ce mouvement pendulaire latéral ne nous sert pas à la rétractabilité, il nous apporte la stabilité en mer, en gérant la hauteur de sa pointe. Ce long travail de capitalisation d’expérience sur la cinématique d’un boitier de foil multidirectionnel dont le brevet vient d’être validé, nous confirme qu’il devient nécessaire de lancer une plateforme de développement de 39 pieds sans quille !
Cette actualité prometteuse nous montre aussi un beau challenge technique. À voir des pièces aussi complexes et contraintes, que sont les foils les AC 75, la question se pose de savoir qui aujourd’hui est capable de les fabriquer sans frémir. C’est ici que les travaux de SEAir dans la fabrication robotisée de foils full carbone ou en matériaux mixtes décuplent d’importance. Ces nombreux sujets d’investigation nous permettent aujourd’hui de discuter avec plusieurs équipes qui préparent la Coupe de l’America.
La lignée des frères du prototype 747 sera donc aussi une lignée de cousins, pour le solitaire ou l’équipage, le large ou le côtier. Les problématiques industrielles sont en cours chez SEAir depuis plus de deux ans déjà, le temps maintenant est venu de préparer l’arrivée en course de cette grande famille de monocoques volants !
Photo copyright Yvan Zedda / SEAir